Retrouver notre premier amour — Apocalypse 2.1-7
L’Église d’Éphèse est la première des sept Églises à recevoir une lettre personnelle de Jésus dans Apocalypse 2 et 3. Elle était une Église influente, stratégiquement située, fondée par l’apôtre Paul (Actes 19), dirigée ensuite par Timothée (1 Timothée 1.3), et peut-être même visitée ou enseignée par l’apôtre Jean. Cette lettre, brève mais percutante, contient une leçon puissante pour toutes les générations de croyants : l’amour pour Christ doit toujours demeurer la priorité absolue.
Cette lettre nous rappelle que même une Église active, doctrinalement solide, capable de discernement spirituel, peut perdre ce qui est le plus précieux : la passion du cœur pour Jésus. C’est pourquoi nous devons lire ce passage comme un appel urgent au réveil. Il ne s’adresse pas uniquement à une communauté du passé, mais à toute Église – et à tout croyant – dont l’amour s’est refroidi. Le véritable réveil ne commence pas par davantage d’activités, mais par un retour à l’amour premier.
Le message à Éphèse peut être exploré en cinq volets : l’identité de Christ, les éloges, le reproche, l’appel à la repentance, et la promesse.
L’identité de Christ (Apocalypse 2.1)
« À l’ange de l’Église qui est à Éphèse, écris : “Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite et qui marche au milieu des sept chandeliers d’or.” » (Apocalypse 2.1)
Dès les premiers mots, Christ se présente avec autorité et proximité. Les étoiles représentent les messagers des Églises, les chandeliers les Églises elles-mêmes (Apocalypse 1.20). Le Christ ressuscité tient fermement ses serviteurs et marche au milieu des assemblées. Il n’est pas distant ou indifférent : il est présent, il observe, il connaît. Son regard ne se limite pas à l’apparence extérieure, mais pénètre le cœur de l’Église. Il voit ses luttes, ses succès, ses intentions… et ses égarements.
Les éloges de Christ (Apocalypse 2.2-3)
« Je connais ta conduite, la peine que tu prends et ta persévérance. Je sais que tu ne peux pas supporter les méchants : tu as mis à l’épreuve ceux qui se prétendent apôtres et qui ne le sont pas, et tu as décelé qu’ils mentaient. Tu as de la persévérance, tu as souffert à cause de moi et tu ne t’es pas lassé. » (Apocalypse 2.2-3)
Le Seigneur commence par souligner ce qui est bon. L’Église d’Éphèse est une Église sérieuse, travailleuse, persévérante. Elle ne tolère pas le mal ni l’hérésie. Elle a discerné les faux apôtres, résisté aux persécutions et gardé sa fidélité. En apparence, tout semble fonctionner : doctrine saine, engagement réel, service actif.
Mais une Église active n’est pas toujours une Église vivante. Il est possible de faire beaucoup pour Dieu… sans être en feu pour Dieu. L’activisme religieux, aussi vertueux soit-il, peut masquer un cœur devenu froid.
Le reproche de Christ : L’amour perdu (Apocalypse 2.4)
« J’ai cependant un reproche à te faire : tu as abandonné l’amour que tu avais au début. » (Apocalypse 2.4)
C’est ici que le ton change. Malgré ses bonnes œuvres, l’Église a perdu l’essence : l’amour. Non pas l’amour en général, mais l’amour pour Christ, l’amour passionné, fervent, celui qui animait les premiers jours. Ce n’est pas la doctrine que Jésus reproche, ni l’engagement, mais un cœur devenu routinier, sans feu.
Cette parole est un miroir pour nous. Travaillons-nous pour Christ par amour, ou simplement par devoir ? Sommes-nous encore émerveillés par sa grâce, ou fatigués par nos propres efforts ? Il est possible d’avoir la bonne théologie et pourtant avoir un cœur distant.
Le réveil commence toujours ici : dans la reconnaissance honnête que notre feu s’est éteint. Que l’amour du début s’est transformé en automatisme. Et que Christ, bien que présent dans notre bouche, n’a plus la même place dans notre cœur.
L’appel à la repentance (Apocalypse 2.5-6)
« Allons ! Rappelle-toi d’où tu es tombé ! Change et reviens à ta conduite première ! Sinon, je viendrai à toi, et je déplacerai ton chandelier si tu ne changes pas. Voici pourtant une chose que tu as en ta faveur : tu détestes les œuvres des Nicolaïtes, tout comme moi. » (Apocalypse 2.5-6)
Jésus donne ici une feuille de route pour le réveil. Trois étapes précises :
D’abord, se souvenir. Se souvenir d’où nous venons, de ce que nous étions lorsque nous avons cru pour la première fois, de cette simplicité d’amour, de cette soif de Dieu.
Ensuite, se repentir. Reconnaître notre refroidissement, changer de direction.
Enfin, reprendre les premières œuvres. Revenir aux gestes simples : la prière sincère, l’adoration désintéressée, le service joyeux, la lecture de la Parole avec faim.
L’avertissement est sévère : « Je déplacerai ton chandelier. » Une Église sans amour cesse d’être lumière. Elle peut continuer à fonctionner, à exister extérieurement, mais elle a perdu son impact.
Il est intéressant de noter que Christ reconnaît encore une force chez Éphèse : elle rejette les œuvres des Nicolaïtes, groupe hérétique probablement lié au compromis moral et spirituel. Cela montre que même une Église avec de bons discernements doctrinaux peut être en danger si elle manque d’amour.
La promesse de Christ : L’arbre de vie (Apocalypse 2.7)
« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. Au vainqueur, je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu. » (Apocalypse 2.7)
Le message se conclut par une promesse magnifique. Elle ne s’adresse pas seulement à Éphèse, mais à toutes les Églises. À quiconque a des oreilles pour entendre et un cœur pour répondre. Le vainqueur, celui qui persévère dans l’amour et la foi, recevra le fruit de l’arbre de vie, symbole de la communion éternelle avec Dieu, présent au commencement (Genèse 2.9), et retrouvé à la fin (Apocalypse 22.2).
Le retour à l’amour n’est donc pas une perte. C’est un chemin de restauration, de joie retrouvée, de puissance renouvelée. Le réveil n’appauvrit pas : il redonne la vie.
Conclusion : Que devons-nous retenir ?
L’Église d’Éphèse avait de nombreuses qualités. Mais une faiblesse mortelle : elle avait perdu son amour pour Christ. Ce message, aussi ancien soit-il, est d’une actualité brûlante. Il parle à nos Églises, à nos ministères, à nos cœurs. Il nous rappelle que la fidélité sans passion devient sécheresse, que l’orthodoxie sans adoration devient froideur, et que le service sans amour devient poids.
Voici ce que nous devons retenir :
– Travaillons pour Dieu, mais sans jamais négliger notre relation avec Lui.
– Défendons la vérité, mais toujours dans un esprit d’amour.
– Repentons-nous rapidement dès que notre amour se refroidit.
– Recherchons avant tout la présence de Christ dans notre vie personnelle et communautaire.
Notre relation avec Dieu repose-t-elle encore sur un amour sincère ou est-elle devenue une simple routine religieuse ? Cette question, chacun doit se la poser. Car le plus grand danger pour une Église n’est pas l’erreur doctrinale… mais la tiédeur.
Aujourd’hui, Jésus nous appelle, comme il appelait Éphèse : « Reviens à ton premier amour. » Il veut non pas une Église brillante, mais une Église brûlante. Une Église qui l’aime, qui l’écoute, qui le cherche, et qui rayonne de sa présence.