Quand la forme prend le dessus sur la foi

Dans notre assemblée, notre désir le plus profond n’est pas simplement de nous rassembler autour d’un programme, ni de vivre une routine spirituelle bien rodée. Nous cherchons la présence réelle et vivante de l’Esprit de Dieu. Nous aspirons à ce que chaque réunion soit un lieu de rencontre, de transformation, d’écoute et d’adoration véritable. Mais il arrive que, sans même que nous nous en rendions compte, quelque chose s’installe. Une chose qui voile cette présence, qui étouffe la vie de l’Esprit, qui rend nos cultes corrects… mais vides.

Ce quelque chose, la Bible le désigne par différents termes. L’apôtre Paul parle de ceux qui “ont l’apparence de la piété, mais renient ce qui en fait la force”. Nous parlons souvent, aujourd’hui, d’un esprit de religiosité. Il ne s’agit pas nécessairement d’un esprit démoniaque, mais plutôt d’une attitude spirituelle faussée : une piété centrée sur la forme, déconnectée de la vie intérieure, où la tradition prend le pas sur la transformation, et où l’on finit par perdre la fraîcheur de l’amour et de la grâce.

Dans les pages qui suivent, nous allons explorer les différentes manifestations de cette religiosité, à la lumière de la Parole de Dieu, afin de mieux la reconnaître… et surtout, de mieux la combattre.

L’un des premiers signes de cette religiosité, c’est une foi qui repose davantage sur les œuvres que sur la grâce. Le croyant en vient alors à évaluer sa relation avec Dieu en fonction de ce qu’il accomplit : sa fidélité à l’église, son engagement dans la prière, son comportement moral. Peu à peu, la grâce cesse d’être le fondement de sa vie spirituelle, et il se met à se comparer aux autres, se sentant plus fidèle, plus engagé, plus « spirituel ». Mais cette posture trahit une profonde méconnaissance de l’Évangile. Car, comme l’écrit l’apôtre Paul : « Ce n’est pas par vos propres efforts que vous avez été sauvés, c’est par la grâce, et c’est par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu. Ce n’est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut se vanter. » (Éphésiens 2.8-9). Jésus, lui aussi, dénonçait vivement cette illusion chez les pharisiens, eux qui se glorifiaient de leur piété extérieure, mais dont le cœur était fermé à l’amour du Père (cf. Matthieu 23.27-28).

La religiosité se manifeste également par un attachement rigide aux formes, aux traditions et aux habitudes. Tout ce qui est nouveau devient suspect. Le croyant préfère ce qui est connu, maîtrisé, rassurant — même si cela a perdu toute vie. Il résiste au mouvement de l’Esprit, par peur d’être dérangé. Il confond fidélité avec immobilisme. Or, la vie chrétienne est une marche conduite par l’Esprit, non un musée de rites figés. « Vous avez annulé la parole de Dieu au profit de votre tradition », disait Jésus aux chefs religieux de son temps (Matthieu 15.6). Ce reproche pourrait être adressé aujourd’hui à toute Église qui préfère la forme à la présence.

Un autre signe clair, c’est une activité religieuse déconnectée de la vie intérieure. On peut prier, chanter, écouter des prédications et pourtant être spirituellement sec. On fait les choses par habitude, par devoir, sans que le cœur y soit vraiment. Tout devient mécanique, sans passion, sans feu. Cela peut même donner l’illusion que tout va bien — mais Dieu voit ce que l’homme ne voit pas. À l’Église de Sardes, Jésus adresse ces paroles tranchantes : « Je connais ta conduite : tu passes pour être vivant, mais tu es mort. » (Apocalypse 3.1). La religiosité maintient l’apparence de vie, mais elle en a perdu la source.

Elle se manifeste aussi par un esprit de jugement. Là où l’amour devrait régner, c’est le regard critique qui domine. On scrute les failles des autres, on soupèse leur spiritualité, on prononce des jugements hâtifs. L’amour disparaît au profit de la comparaison. Pourtant, l’Écriture nous avertit : « Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés. Car Dieu vous jugera de la même manière que vous jugez les autres. » (Matthieu 7.1-2). Celui qui est habité par l’Esprit cherche à relever, pas à accuser. À restaurer, pas à condamner.

Enfin, la religiosité se trahit par une peur de la liberté que donne l’Esprit. Tout ce qui est spontané, vivant, ou inattendu devient une menace. On préfère une foi prévisible, rationnelle, maîtrisée. On se méfie des dons spirituels, des prophéties, des manifestations de puissance. Pourtant, Paul rappelle aux croyants : « Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. » (2 Corinthiens 3.17). Une Église gouvernée par l’Esprit est une Église vivante, souple, réceptive à la voix de Dieu.

En fin de compte, cette religiosité n’est rien d’autre qu’une forme de piété extérieure, privée de la puissance de Dieu. Comme Paul l’écrit à Timothée : « Ils prétendront être pieux, mais en réalité ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces gens-là. » (2 Timothée 3.5). Il est possible d’avoir l’apparence de la foi tout en étant loin du cœur de Dieu.

Alors, comment en sortir ? Par la repentance d’abord. En revenant à Jésus, non pour ce que nous pouvons faire pour Lui, mais pour ce qu’Il est. En laissant l’Esprit raviver le feu intérieur. En refusant les comparaisons. En accueillant de nouveau la grâce comme seul fondement. En réapprenant à aimer. Car « si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (1 Corinthiens 13.2).

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